Le coût des stages non rémunérés
“Dans mon temps, si on voulait travailler quelque part, fallait travailler fort ma p’tite fille. Si on voulait devenir cordonnier, on allait cogner chez le cordonnier du coin pour lui demander d’être son apprenti et il nous faisait travailler gratuitement pendant un temps. Pis un moment donné, ça devenait ta job. C’est comme ça que ça s’passait dans mon temps.”
Mon grand-oncle Alphonse est décédé depuis une bonne décennie, mais son discours est encore d’actualité, sauf qu’on a changé le terme apprenti par stagiaire et que maintenant, le “happy ending” de l’histoire c’est quand on réalise qu’on s’est fait passer une petite vite en travaillant comme un déchaîné pendant trois mois pour finalement se retrouver pas de job et pas d’argent, au terme du stage non rémunéré. Je ne suis pas contre l’idée des stages qui sont utiles pour amener une expérience qui, autrement, pourrait être difficile à acquérir. Cependant, je suis contre le concept des stages non rémunérés, la vie ne coûte pas rien et ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre le luxe de travailler gratuitement, même pour en soutirer une expérience de travail, surtout que, dans certains cas, des employeurs utilisent ces ressources comme bon leur semble sans leur offrir une expérience significative ou ciblée sur les intérêts de leurs stagiaires. Il y a quelques années, mon frère a fait un projet d’école qui lui a fait gagner un stage rémunéré d’un été chez Mega Block. Au bout des trois mois, il s’est fait proposer un poste et à été au service de cette entreprise pendant plusieurs années. Dans son cas, ce fut un stage concluant. Par contre, pour une histoire du genre, il y en a au moins dix autres où les entreprises offrent un stage non payé de plusieurs semaines au terme duquel elles remercient le stagiaire le vendredi pour en accueillir un nouveau le lundi suivant. Pour certaines petites compagnies, cette pratique leur permettra de grandir, mais lorsqu’elles dépendent des bénévoles pour être fonctionnelles, année après année, il serait peut-être temps qu’elles considèrent prendre un stagiaire au marketing ou en gestion d’entreprise! Radio Canada a écrit un court texte sur la question, révélant qu’aux États-Unis, des actions ont été prises pour mettre fin à cette pratique et en mars dernier, il y a eu une première manifestation dénonçant cette façon de faire à Toronto. Carla, d’origine Brésilienne est nouvelle arrivante depuis un an et demi. Elle a plus de 18 ans d’expérience comme graphiste à Sao Paulo, où elle a mis en page une centaine de livres, mais ici, elle a de la difficulté à se trouver un emploi. Ça fait un an qu’elle cherche activement et elle fait partie d’un programme qui travaille en partenariat avec Emploi-Québec, et qui se donne pour mission d’aider les immigrants à intégrer le marché professionnel. On lui a fortement suggéré d’appliquer pour des stages et de travailler bénévolement afin d’acquérir de l’expérience en sol québécois, grâce à laquelle elle pourra arriver à se placer. Elle a donc suivi ces judicieux conseils et à travaillé pour une entreprise pendant trois (3) mois à plus de quarante (40) heures par semaine et elle a même été y travailler quelques fins de semaine, BÉNÉVOLEMENT, au lieu de passer du temps en famille. Quand elle a quitté l’entreprise au terme de son mandat de trois mois, elle m’a dit qu’un stagiaire arrivait le lundi d’après. Carla a accepté de travailler sans rémunération pour garnir son CV et le Graal de ce stage était la lettre de recommandation que son patron devait lui remettre au terme de son contrat, lettre qu’elle attend toujours, plusieurs mois après la fin du mandat. En supposant que cette compagnie lui ait offert un taux horaire de 10,15$ et qu’elle ait été engagée à temps plein, 40 heures par semaine, son titre de stagiaire non rémunéré a fait perdre à Carla un salaire de 4,872$ au profit de son employeur, une expérience de travail qui coûte cher, si on y ajoute le coût de son logement, l’épicerie, et autres dépenses. En supposant que vivre coûte 1500$ par mois, son stage non rémunéré représente au total 9 372$. Soulignons au passage que l’employeur aura vendu à ses clients les services bénévolement offerts par Carla et qu’il en récolte tous les bénéfices. Au final, les stages sont infiniment plus payants pour l’employeur que pour le stagiaire et j’espère sincèrement qu’une loi imposera aux entreprises d’offrir un salaire de base à leurs stagiaires. Et vous, vous avez des histoires d’horreur de stage!?
PS Si vous avez un poste pour faire de la mise en page de livre, ou de magazine, faites-moi signe parce que Carla a décidé de commencer un autre stage de 14 semaines non rémunéré plutôt de rester chez elle à ne rien faire… |
Je suis d’accord avec toi, pour qu’il y ait des stages rémunérés. Pour ma part ça fait 20 ans que je suis sur le marché du travail. J’ai fait 4 stages non rémunérés et aucune job après et pas de lettre non plus. Les écoles offraient les meilleurs stages aux teteux de profs. Ce que je vois maintenant c’est toujours pareil avec les années. Ma fille a presque 16 ans. L’année dernière, elle a été aide animatrice dans un camp de jour (non rémunéré). La même été, Le camp familial, lui a offert une formation gratuite en échange d’un stage pour cette année. C’était pour 2 semaines le stage. Mais elle a continuer à travailler bénévole comme aide-animatrice pour le camp de jour vu qu’elle n’avait pas 16 ans. Ils la traité de bouche trou. Et plus, ils ont engagé une plus jeune pour le service de garde (pas de formation en plus). Donc ou est la justice ???
C’est fou que je tombe sur cet article alors que je viens de finir mon stage.
Je suis une jeune graphiste du Québec, et aillant une facilité de logement en Belgique, quand mon école a parlé de stage à l’étranger j’ai sauté sur l’occasion. Bein oui, ça fait “beau sur le CV” et c’est une belle expérience.
J’ai appliqué pour une entreprise vraiment très connu a Bruxelles, et j’ai été très heureuse quand j’ai été choisi parmi tellement d’autre, heureuse quand le graphiste de là bas a dit “qu’il aimait mon taf”.
J’aurais pu faite comme tout le monde et faire un stage de 4 semaines, mais cette entreprise ne prenait que des stagiaires pour des durées de 3 mois et plus.
Il faut savoir ici que je n’avais pratiquement quand je voyais les réalisations de la boîte, je les admirais, j’étais prête à tout à ce moment!
Heureusement (?) avec mon visa, je ne pouvais faire plus de 3 mois.
J’ai aimé mon stage. Oui j’ai eu une expérience de travail. on prenait “soin” de moi. J’avais une place quand on présentait les projets clients. mon mot à dire au graphiste sur le travail que je faisais.
Mais j’ai du payer l’abonnement de train pour trois mois. Je venais du Québec, donc un billet d’avion aussi (qui était payé en parti par une bourse de mon école, mais j’avais quand même beaucoup à débourser). okay ajoutez à ça que j’étais partie de la maison environ 12h en comptant le transport.
J’ai aimé ça. Certains jours moins mais ça c’est normal.
Mais je me suis rendue compte que depuis un peu moins de 10 ans ils ont eu plus de 70 stagiaires. qu’on était souvent à deux.
Et ils sont 5 dans l’entreprise.
Y’a comme un système assez visible ici dans lequel les stagiaires sont omniprésents et sont nécessaires pour la boîte. parfois ils font plus de 4 mois en stage.
Et comme c’est dit dans l’article, tu finis un vendredi, merci pour ton aide, aurevoir.
Oui c’est tout. Et toi t’as bossé 3 mois, t’as eu de l’expérience profitable, du plaisir.
Mais t’as eu à payer tout ton transport. Qu’est-ce que ça aurait été 160 euros pour eux? Juste ça m’aurait fait plaisir.
L’ironie dans tout ça c’est que même si tu veux bien négocier une rémunération en début de stage, derrière toi y’aura toujours d’autres stagiaires potentiels qui sont prêts à tout, comme je l’étais au départ.
Tout à fait. Le stage est intéressant pour l’expérience, mais il faut pratiquement voir ça comme si on prenait un cours. Malheureusement, lorsqu’on a terminé l’école, on autant besoin d’expérience que de travail pour payer notre prêt. Merci pour ton commentaire, j’espère que tu as trouvé un travail que tu aimes, je serais curieuse de voir ce que tu fais, n’hésite pas à mettre un lien vers tes créations. Bonne chance!
Je viens de voir que tu avais répondu à mon commentaire.
Après mon stage, je ne cherchais pas d’emploi, j’ai encore envie d’étudier. Je suis donc repartie pour 3 ans d’études, en developement web.
Si tu veux voir mon portfolio, c’est par ici : https://stephecloutier.wordpress.com/
Merci de ta réponse !
Je viens à mon tour de voir que tu avais répondu à ma réponse de ton commentaire! ahahah Je viens de voir ton site, c’est super, j’adore tes animations. J’espère que tu as trouvé un travail rémunéré depuis!
Ton article est d’un tel réalisme! Tu as tout a fait raison. P.S. Pas besoin de me répondre. Bonne journée!
Une fois j’ai accepté un stage non-rémunéré et ça été la dernière fois. On me disait que je serais engagée au bout de 5 semaines environ, mais je suis partie avant cette date, pour un emploi rémunéré. La vie coûte cher et je ne peux concevoir de ne pas être payée pour aller travailler. Quand c’est rendu que tu paie de ta poche pour aller travailler, justement, y’a un méchant problème. Oui, y’a l’expérience, mais faut commencer quelque part et je vais mettre en priorité les entreprises et patrons qui vont respecter leurs employés et leur offrir de quoi vivre à côté. Donc non, je n’accepte pas d’aller travailler sans rien gagner à côté. Le gouvernement ou le marché devraient imposer des limites aux entreprises, comme offrir au moins le salaire minimum, ou payer le logement, bref, offrir quelque chose de plus qu’une “expérience pertinente à mettre sur un cv”. Cette expérience, des tonnes d’entreprises peuvent l’offrir, la preuve, les stages d’université offerts dans les domaines tels qu’en ingénierie, médecine, etc. C’est plate à dire, mais en création, en communication, marketing, etc., ils prennent souvent pour acquis que des tonnes de gens vont attendre après leur expérience à la con qu’ils sont prêt à offrir et c’est vraiment dommage de prendre les gens pour acquis comme ça.
Il est certain qu’il doit y avoir des employeurs qui abusent, mais combien d’employés en font autant? Il faut aussi voir de l’autre côté de la médaille… Il est certain que s’il y a promesse d’embauche à la fin du stage et que ça n’a pas lieu, ce n’est pas correct non plus!
Pourquoi un employeur payerait pour un étudiant sans expérience plutôt que quelqu’un qui a 1 ou 2 ans d’expérience concrète? Je crois qu’un stage sérieux fait partie du processus de formation scolaire et que l’étudiant peut continuer à avoir son emploi à temps partiel de soir ou de fin de semaine comme lorsqu’il était à l’école. Il faut comprendre qu’avec tout les frais reliés à l’embauche d’une nouvelle ressource, on doit avoir un certain rendement au bout de la ligne… si l’employeur doit passer 5-10 et même 15 heures dans sa semaine à accompagner le stagiaire, c’est beaucoup de temps non-facturables!
Je suis d’accord avec vous sur certains points. Il est vrai que pour certains étudiants, c’est une expérience non-négligeable quand l’échange est profitable autant pour l’employeur que pour le stagiaire. Je comprends aussi que l’employeur doivent effectuer une formation et je crois qu’en ce sens, le stage pourrait durer quelques jours voir une semaine, mais lorsqu’il s’agit de long stage de trois mois, je trouve qu’il y a un problème. Les stages qui sont effectués dans le cadre d’un cours et qui constitue une part des crédits c’est une chose même si je crois encore une fois qu’un délais de stage de 3 mois, voir 9 mois comme une amie témoignait, je trouve que c’est très long pour un étudiant qui n’a pas le droit aux prêts et Bourse par exemple. Généralement il y a les 3 mois de probation qui permettent à l’employeur de se faire une idée sur les capacités de l’employé.